Interviews

Intervista de Laurent TérèseLaurent...

Laurent, tu es vice-président du Théâtre Niçois et tu en es membre depuis 56 ans. Di-nen un pauc couma s'es fach…
Tout a coumençat en lou 1955, es ver… J'ai d'abord fait de la figuration, puis pichin à pichin, j'ai tenu un petit rôle dans La pignata d'or, puis celui de Miquéu le jeune pêcheur pantalhaire dans Calèna, rôle que j'ai tenu pendant plus de seize ans. Par la suite, quand j'ai été Tipougni, le valet du Sartre Matafiéu, avec Pierre-Louis (Matafiéu) et Francine Gag (Babet), j'ai vraiment eu le trac pour la première fois, c’était à Hyères pour le Félibrige. Celle-ci, nous l'avons jouée longtemps avec complicité. J'ai ensuite découvert la vie monacale en étant d'abord le capucin novice Gregori dans Lou vin dei padre, puis, à la disparition de Francis Gag, le caviste Eliacin, mais aussi ermite puis médecin dans Segne Blai. J'ai aussi souvent chanté sur scène, en tant que Rimaire de La marche à la crèche et La pignata d'or. Il m'est même arrivé de tenir trois rôles différents dans une même représentation. En fait, je crois qu'à nous deux, avec Pierre-Louis, nous avons dû tenir tous les rôles…

E pura, as pas fach qu'acò, nevé ?
J'ai goûté à la mise en scène, en effet, quand nous avons conçu un spectacle mi-théâtre mi-danse célébrant les soixante ans du Théâtre et les quarante de Nice la Belle. Puis j'ai récidivé avec Lu bessoun, Titoun e Vitourina, L'or d'en Mascouinat, La marche à la crèche, e d'autri encara… J'aime la mise en scène parce que, alors que j'ai déjà en tête une image du spectacle fini, que je vois les personnages à leur place en scène, il me reste à faire passer tout ça au public et c'est ce que j'aime. Il m'est difficile de jouer et de mettre en scène, ce sont deux activités différentes. Quand je joue, j'aime être dirigé, d'ailleurs…

Ti siès mes à escriéure, finda ?
En fait, je lis beaucoup de pièces de théâtre et un jour, en lisant Une demande en mariage de Tchekhov, je me suis rendu compte que ce pouvait être une pièce de chez nous : tous les paysans se ressemblent… Je l’ai donc traduite en y apportant notre couleur locale, en essayant de mettre en évidence les racines du paysan prêt à se disputer pour un bout de terre le jour de sa demande en mariage. Pour ma deuxième pièce, j’ai trouvé dans un vide-grenier une pièce de Pirandello, L’homme, le rustre, la vertu, dont j’ai pris un quart environ pour créer Chicoulata e virtù. La voir en scène m’a surpris car je la voyais jouée avec moins de débordement, mais ce fut une véritable réussite. Finalement, quand le rideau tombe, c’est une grande satisfaction de se dire que ce souci du détail, des mots, des gestes, des accessoires, des costumes, tout ce travail collectif pendant des mois a permis de créer… Et après cette création, on a le cœur gros et on se sent un peu vide parce que c’est fini…

Cen qu’es que t’agrada lou demai : lou juèc, la messa en scena, l’escritura ?
C’est la mise en scène qui m’apporte le plus, elle laisse la place à l’imagination, la créativité… Pour l’écriture, j’ai besoin d’une base, d’un support pour me permettre d’avancer. Quant au jeu d’acteur, j’y prends toujours autant de plaisir, mà cau laissà la plaça en cadun, né ?

E ahura, cen que ti pantalhes ?
Je vais essayer d’écrire une ou des piécettes de 45 minutes environ, qui complètent utilement notre répertoire, mà tout acò depende… dei miéu letura, e pi de l’ispiracioun, finda… Et puis je me prépare à entrer à nouveau dans le rôle de Gusta, le voisin sympathique, généreux et drôle qu’on avait découvert dans Past en familha, puis qui s’était marié dans Nouòça, amour e cinemà. Ce brave Gusta bien-aimé de tous va revivre, puisque Jean-Luc Gag est en train de nous écrire pour mai 2012 le troisième volet de la trilogie. D’ailleurs, si j’avais le beau rôle dans les deux premières, j’aimerais bien maintenant me mettre en colère et me disputer avec Nano, le mari de celle dont je suis amoureux… Je saurai ça en janvier…

Per finì, una bell’ istòria, aquéu Teatre Nissart ?
Cinquanta-sièi an de Teatre Gag ! Ai escasi ren counouissut d’autre e es dificil per iéu de noun pensà au teatre, qu’es una part de la miéu vida. Es quaucaren que jamai s’aresta… l’ai sempre en testa… Es un pauc couma la miéu familha… Ai jamai augut envuèia de cercà autra cauvà per mi divertì e ancuèi pouòdi dire que siéu fouòrça urous d’avé counouissut aquéu teatre e toui aquelu que l’an fach e que lou fan viéure.

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